Pourquoi rester dans les sentiers?

Bien que votre côté aventurier soit séduit à l’idée de sortir des sentiers battus, il vous faut résister à cette tentation!
En effet, marcher hors des sentiers nuit à l'ensemble de la forêt.

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Pour éviter de piétiner l’avenir

On vous dit souvent de rester dans le sentier pour éviter de piétiner le sous-bois. Mais c’est quoi le sous-bois? C’est tout ce qui est sous les arbres et en dehors des sentiers. C’est un milieu fragile et rempli de vie où il est difficile de ne rien piétiner même si on fait bien attention où on met les pieds.

Le sous-bois est essentiellement composé de jeunes pousses, c’est-à-dire des bébés arbres et arbustes grâce auxquels la forêt se régénère, ainsi que de plantes herbacées et de mousses. Ces plantes sont très fragiles au piétinement. Même en hiver, les plantes qui dépassent sous la neige pourraient être cassées et les petits animaux, comme les souris qui creusent des tunnels sous la neige pour se déplacer à l’abri des prédateurs, pourraient être perturbés.

Est-ce que ça fait vraiment une différence si on reste dans les sentiers?

« Le piétinement détruit les jeunes pousses particulièrement fragiles au printemps et empêche la végétation de se développer. » (Caillié, 2017) Par exemple, si on cueille ou piétine une fleur printanière, elle ne repousse pas facilement, contrairement au résilient pissenlit.

En 2017, CANOPÉE a installé des clôtures au bois Papineau afin de protéger le sous-bois du piétinement et de permettre à la végétation de se régénérer. Suite à cette installation, on observe une augmentation de 84 % des semis d’arbres à l'intérieur des clôtures. Alors qu’à l’extérieur des clôtures, on constate une diminution de 66 % des semis en bordure des sentiers. L’effet négatif du piétinement est donc évident.

Afin de limiter les effets du piétinement, certains parcs, comme le Parc d'environnement naturel de Sutton, ferment les sentiers durant le printemps. (Caillié, 2017). Dans les bois de Laval, les sentiers restent accessibles au printemps, alors soyons respectueux pour conserver ce privilège.

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Cohabiter avec la nature en zone urbaine

Rappelons-nous qu’à Laval, nos forêts urbaines servent à la fois de zones de conservation et de loisir. Il faut donc arrimer la pratique d’activités de plein air et la protection des écosystèmes présents dans nos bois.

« La flore est sensible au piétinement. Quand on multiplie les impacts de milliers de visiteurs, on comprend facilement pourquoi il est obligatoire de demeurer dans les sentiers de randonnée aménagés. » (SEPAQ, 2024) Le bois de l’Équerre, par exemple, a déjà reçu 100 000 visites en une seule année. Imaginez si tout le monde sortait des sentiers! Quand on piétine toujours au même endroit, les plantes ne repoussent plus et le sol s’érode, ce qui crée des sentiers secondaires. Ces chemins indésirables produisent un effet d’entraînement et donc un cercle vicieux sans fin.

Pour éviter de perturber la faune

« S’aventurer hors des sentiers battus menace également les oiseaux qui nichent à terre [...] » (Parcs Ontario, 2021). En effet, si vous portez attention au sol, vous pourrez remarquer, cachés sous les feuilles, des insectes, de petits mammifères, reptiles, amphibiens et même des nids d’oiseaux comme celui du bruant chanteur ou de la sturnelle des prés.

Même si on n’écrase rien, on laisse quand même notre odeur derrière nous. Celle-ci risque de perturber les petits animaux, car ils peuvent nous percevoir comme des prédateurs, ce qui augmente leur stress et affecte leur survie. De plus, nos « traces olfactives [...] pourraient attirer [d’autres] prédateurs. » (Regroupement QuébecOiseaux, 2017).

Marcher hors des sentiers n’affecte donc pas que les plantes. « [L]es communautés végétales peuvent être dégradées, voire détruites par le piétinement et les populations animales qu’elles abritent, se trouver privées de leur habitat ou perturbées dans leur activité, les mettant ainsi en péril. » (Gallet, 2020).

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Pour éviter de propager des espèces envahissantes

En plus de piétiner les plantes indigènes, en sortant des sentiers, on contribue aussi sans le savoir à propager des espèces envahissantes. En effet, les graines peuvent s’accrocher sur nos chaussures et nos vêtements et ensuite être transportées dans un autre milieu où ces espèces n’étaient pas présentes. Les Parcs de l’Ontario et le Parc de la Mauricie, par exemple, recommandent de rester sur les sentiers « pour limiter la propagation des graines [des espèces envahissantes] et le piétinement des plantes indigènes » (Gouvernement du Canada, 2023).

De plus, en piétinant, on crée des ouvertures dont les plantes envahissantes profitent pour pousser. Elles entrent ensuite en compétition avec les espèces indigènes et contribuent à diminuer grandement la biodiversité de nos forêts urbaines.

Ramasser du bois risque également de déplacer des espèces envahissantes, comme l’agrile du frêne, ou certains pathogènes qui pourraient affecter les végétaux. Une autre bonne raison de laisser le bois sur place.

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Pour éviter de se frotter aux plantes urticantes

Certaines plantes peuvent être dangereuses pour notre santé, notamment le panais sauvage, l’ortie et l’herbe à puce.

« Toutes les parties du plant d'herbe à puce, y compris les racines, contiennent de l'urushiol, une résine toxique. Tout contact avec une partie cassée de la plante risque de provoquer une réaction. Les symptômes apparaissent habituellement 24 à 48 heures après contact. La gravité de la réaction dépend du degré de sensibilité de chaque personne et de la quantité de sève qui est entrée en contact avec la peau. Souvent, des cloques se forment sur les zones atteintes, entraînant des démangeaisons intenses. » (Gouvernement du Canada, 2016).

« L’urushiol présent dans la sève [...] est de consistance huileuse et ne s’évapore pas. Il peut donc demeurer toxique pendant plusieurs mois. » La sève « peut facilement adhérer aux outils de jardinage, aux vêtements et aux poils des animaux. » (Gouvernement du Québec, 2023). Bien que votre chien ne puisse pas avoir de cloques, la sève de l’herbe à puce peut rester sur son pelage et vous contaminer quand vous flatterez votre animal (Gouvernement du Canada, 2016).

« Même morte, arrachée ou séchée, la plante contient toujours [de] la résine. Elle représente donc le même danger. » (Familiprix, 2024)

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Pour éviter les tiques

Les sous-bois abritent également des créatures qu’il vaut mieux éviter, dont la tique à pattes noires. Ce parasite est responsable de la transmission de la maladie de Lyme chez les humains et les chiens. La tique se tient dans les hautes herbes et tombe sur les marcheurs qui frôlent ces herbes. Rassurez-vous, elle ne saute pas, alors si vous restez dans les sentiers, il y a peu de risques qu’elle s’agrippe à vous.

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